PUBLICATION:    Le Soleil      
DATE:   2007.02.27     
SECTION:        Opinions       
PAGE:   25     
COLUMN:         Réplique       
BYLINE:         Audet, Michel  
ILLUSTRATION:   "Les mesures cohérentes présentées dans les trois derniersDiscours sur le budget auront contribué à mettre en place des conditions favorables à la création de richesse. C'était là mon objectif !" se défend Michel Audet.    

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Les demi-vérités d'Alain Dubuc

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Dans Le Soleil du 25 février, M. Alain Dubuc signait un article intitulé Les demi-vérités de Michel Audet. Cet article, qui se veut une critique du dernier discours sur le budget, présente un diagnostic inexact de la situation de l'économie du Québec et des actions prises par notre gouvernement depuis 2003. Permettez-moi ici de rectifier les faits.

L'économie du Québec se porte bien

M. Dubuc affirme que j'ai dressé un portrait complaisant de l'état de l'économie du Québec. Selon lui, la situation serait plutôt catastrophique. Les faits ne lui donnent cependant pas raison. En effet, malgré un contexte international difficile, qui a particulièrement affecté le secteur manufacturier, le Québec a connu une croissance économique intéressante. Depuis 2003, la croissance réelle de l'économie québécoise a été de 2,0 % par année en moyenne, soit une progression comparable à celle de l'Ontario.

De plus, la croissance de l'emploi est restée robuste malgré les pressions que connaît le secteur manufacturier. Depuis 2003, il s'est créé près de 200 000 emplois. Le taux de chômage a diminué à 8 % en moyenne en 2006, le niveau le plus bas depuis plus de 30 ans. Pour la troisième année consécutive, le taux d'emploi excède 60 %, un record. L'examen attentif des données économiques nous permet donc de conclure que l'économie du Québec se porte bien, et ce, malgré les difficultés du secteur manufacturier.

Soutenir les entreprises manufacturières

Il est étonnant de lire sous la plume de M. Dubuc que j'aurais soi disant évité, mardi dernier, de parler de ces difficultés. Comment peut-on affirmer cela alors que l'on peut lire à la page 12 du Discours sur le budget 2007-2008 : "[...] le secteur manufacturier québécois, tout comme celui des autres provinces, des États-Unis et du monde occidental, fait face à la vive concurrence des économies émergentes. Plusieurs industries comme le textile, le vêtement et la fabrication de meubles sont très gravement affectées." Pouvais-je être plus clair ?

Par la même occasion, j'ai insisté auprès de mon homologue fédéral pour qu'il prenne lui aussi des mesures afin d'aider les entreprises manufacturières dans son prochain budget. Depuis 2003 et sans attendre Ottawa, nous avons agi afin de soutenir les entreprises et notamment les entreprises manufacturières.

- Abolition de la taxe sur le capital pour 210 000 PME, soit 75 % des entreprises.

- Réduction de plus de 50 % de la taxe sur le capital qui passe graduellement de 0,6 % en 2005-2006 à 0,29 % en 2009-2010.

- Application l'an dernier d'un crédit de taxe sur le capital de 5 % pour les nouveaux investissements manufacturiers. Le budget du 20 février dernier a porté ce crédit à 10 % pour les nouveaux investissements manufacturiers et à 15 % pour le secteur forestier jusqu'en 2012.

- Réduction du taux d'imposition des PME à 8 %.

Globalement, le gouvernement aura accordé plus de 825 millions $ en réduction du fardeau fiscal des entreprises, essentiellement au titre de la taxe sur le capital, qu'elles pourront réinvestir dans leur développement.

Nos priorités depuis 2003

Depuis 2003, notre action a visé à mettre en place les conditions favorables à la création de richesse, un mot qui avait disparu du vocabulaire du gouvernement précédent. Nous avons recentré l'État sur ses missions essentielles, notamment la santé et l'éducation, et nous avons réduit le fardeau fiscal des particuliers et des entreprises. Grâce à une gestion rigoureuse des finances publiques, nous avons limité la croissance de nos dépenses à 4,1 %, un rythme inférieur à la croissance du PIB nominal, alors que la moyenne est de 6,3 % dans les autres provinces.

Nous avons fait de la transparence des finances publiques une priorité, d'ailleurs, pas plus tard que le 26 février 2007, une étude de l'Institut C.D. Howe affirmait que le Québec est la juridiction qui respecte le plus ses engagements budgétaires.

Dans le cadre de la Stratégie québécoise de la recherche et de l'innovation, le gouvernement a injecté 888 millions $ pour, notamment, renforcer l'excellence de la recherche publique, mieux appuyer la recherche industrielle et l'innovation en entreprise et compléter et renforcer les mécanismes de valorisation de la recherche et de transfert vers les entreprises.

En matière de capital de risque, nous avons remplacé l'approche du "tout public" par un partenariat avec le secteur privé, conformément aux recommandations du rapport Brunet. Aujourd'hui, le capital de risque investi au Québec a retrouvé ses lettres de noblesse. Avec les FIER, nous avons mis en place une combinaison gagnante avec le privé. Aujourd'hui, plus de 1 milliard $ est à la disposition des entreprises.

Pour réduire le poids de la dette, nous avons mis en place le Fonds des générations. Le poids de la dette dans l'économie sera ainsi ramené à moins de 25 % dans moins de 20 ans. Dès le 31 mars 2008, le Fonds des générations aura accumulé 1 milliard $.

Nous avons réformé la gouvernance des sociétés d'État afin de favoriser une gestion qui répond à des critères exigeants de transparence, d'intégrité et de responsabilité. Cela contraste avec les 800 millions $ que l'ancien gouvernement a englouti dans la Société générale de financement.

En 2006, ces efforts ont été reconnus, puisque la cote de crédit du Québec a été relevée à deux reprises pour retrouver le niveau qu'elle avait en 1975.

La stratégie des petits pas

Finalement, M. Dubuc qualifie péjorativement de stratégie des petits pas mon approche à l'égard des questions économiques. Je suis plutôt fier de cette approche. Depuis plus de 40 ans, je suis impliqué à différents titres, aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé, dans l'analyse et la formulation de politiques économiques. Or, l'approche que j'ai toujours privilégiée est une approche terrain basée sur l'analyse des données économiques concrètes plutôt que sur des cadres théoriques radicaux dissociés de nos réalités. A cet égard, je soumets humblement que les mesures cohérentes présentées dans les trois derniers Discours sur le budget - cohérence reconnue par M. Dubuc - auront contribué à mettre en place des conditions favorables à la création de richesse. C'était là mon objectif !

Michel Audet, ministre des Finances et député de Laporte