PUBLICATION: Le Soleil
DATE: 2006.02.23
SECTION: Le Québec et le Canada
PAGE: A11
BYLINE: Morin, Annie
ILLUSTRATION: François Vincent, président de la Fédération étudianteuniversitaire du Québec (FEUQ), ne croit pas que la publication de cette étude aura des effets sur les 300 participants au Sommet sur l'éducation postsecondaire.

C.D. Howe met la faute sur les provinces


A la veille de l'ouverture du Sommet sur l'éducation postsecondaire, à Ottawa, l'Institut C.D. Howe suggère aux provinces de prendre exemple sur le fédéral, au lieu de lui quémander de l'argent.

Dans une étude publiée hier, Payam Pakravan, ex-analyste pour C.D. Howe aujourd'hui économiste au ministère des Finances de l'Ontario, affirme que les provinces s'accrochent à des formules de financement complètement dépassées.

A son avis, elles devraient imposer aux collèges et aux universités des objectifs à atteindre auxquels seraient attachés des incitatifs financiers. Il donne l'exemple de la Fondation canadienne pour l'innovation, qui sélectionne les projets de recherche qu'elle subventionne en fonction de priorités bien définies. Cette sélection stimule la concurrence et fait émerger des idées nouvelles, plaide l'économiste, qui décrit Ottawa comme un "joueur-clé" et un modèle pour les provinces.

Celles-ci considèrent plutôt qu'il est la source de leurs problèmes depuis qu'il a réduit ses transferts sociaux de 2,2 milliards $ en 1994-1995. Compte tenu de l'indexation, elles lui réclament aujourd'hui 4,9 milliards $.

M. Pakravan estime que les gouvernements provinciaux devraient réduire le financement de base des établissements d'éducation postsecondaire et augmenter d'autant les chèques versés aux étudiants. Du coup, ceux-ci se retrouveraient avec le gros bout du bâton. "Ça changerait la nature de la relation. Au lieu de s'accrocher aux élus et aux fonctionnaires du ministère de l'Éducation, les universités devraient répondre aux besoins des étudiants", résume Yvan Guillemette, porte-parole francophone de C.D. Howe.

Poursuivant sur la même voie, l'Institut plaide pour une déréglementation des droits de scolarité, qui pourraient varier selon les programmes et les universités.

Si la formule est gagnante, pourquoi personne ne l'a encore appliquée ? Par peur de l'inconnu, écrit M. Pakravan. "C'est très difficile politiquement de vendre cette idée-là", ajoute M. Guillemette.

François Vincent, président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), ne croit pas que la publication de cette étude aura des effets sur les 300 participants au Sommet sur l'éducation postsecondaire. "Le consensus sur l'importance d'augmenter les transferts fédéraux est assez fort" et la formule proposée par C.D. Howe "n'a pas fait ses preuves", fait-il remarquer.

M. Vincent établit un lien de parenté entre cette étude et le débat sur les bons d'études lancé par l'Action démocratique du Québec (ADQ), en 2002. Celui-ci avait fait chou blanc dans l'opinion publique, mais l'idée avait tout de même été reprise pendant la campagne électorale de 2003. Toujours sans succès.

AMorin@lesoleil.com