PUBLICATION: La Presse
DATE: 2007.02.27
SECTION: La Presse Affaires
PAGE: LA PRESSE
AFFAIRES5
BYLINE: Le Cours, Rudy
PHOTO: PHOTO Jacques Boissinot, PC
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ILLUSTRATION: Le ministre des Finances du Québec actuel, Michel Audet,accueillant les représentants de la presse le 19 février dernier.; Pauline Marois, ministre des Finances, présentant son budget le 31 octobre 2001 à Québec.; Bernard Landry tient une copie du discours du budget le 14 mars 2000, au moment où il était ministre des Finances du Québec.; Yves Séguin en plein discours du budget qu'il présentait à titre de ministre des Finances du Québec le 14 juin 2003.
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Responsabilité fiscale: le Québec bon premier
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Le Québec a beau être le champion de la dette publique, ses gouvernements arrivent bons premiers dans l'art difficile de dépenser conformément à leurs prévisions budgétaires.
"Le Québec, le gouvernement fédéral et le Nouveau-Brunswick ont eu les meilleures performances affichant des excédents moyens de moins de 2%", écrivent Reid S. Adrian, Yvan Guillemette et William B.P. Robson, de l'Institut CD Howe.
En fait, l'erreur moyenne des quatre ministres des Finances (Bernard Landry, Pauline Marois, Yves Séguin et Michel Audet) s'élève à 0,61%, la plus faible au pays. En comparaison, les grands argentiers de la richissime Alberta n'ont pas regardé à la dépense en dépassant en moyenne de 7,05% leurs prévisions budgétaires.
La faiblesse de ce classement, c'est que les sur-évaluations d'une année peuvent annuler les dépassements d'une autre. Un gouvernement pourrait se tromper tous les ans en trop ou en pas assez, mais faire bonne figure moyenne sur une période de 10 ans.
Les auteurs ont donc considéré aussi les écarts entre les prévisions, sans égard à leur nature de dépassement ou de sur-évaluation. Eh bien! encore une fois, la palme de la précision revient au Québec avec un écart de 2,25% seulement, comparativement à 8,53% pour l'Alberta. Pour toute la période étudiée, le dépassement des dépenses au Québec s'élève à 2,38 milliards.
En fait, les performances du ministère des Finances et du Conseil du Trésor québécois semblent s'améliorer sans cesse.
Pour la première moitié de la période analysée, l'écart s'élève à 2,61% par rapport à 1,82% seulement pour la seconde. Quatre fois sur cinq, entre 2001-2002 et 2005-2006, le gouvernement a effectivement moins dépensé que prévu. Avis à ceux qui voudraient faire de la politique avec ces chiffres: on trouve là deux années péquistes et deux années libérales.
Au cours des 10 dernières années, les 14 gouvernements fédéral, provinciaux et des territoires ont dépensé collectivement 63,3 milliards de plus que ce qu'ils avaient prévu dans leurs budgets, ont calculé les trois experts du centre de recherches économiques torontois. Par bonheur, ils ont sous-estimé deux fois plus leurs revenus.
"Moins les engagements budgétaires de leurs gouvernements ont été fiables par le passé, moins les Canadiens devraient avoir confiance que les gouvernements tiendront parole dans le futur", écrivent les auteurs.
Les chercheurs ont aussi étudié les prévisions de revenus budgétaires, en notant toutefois que l'exercice était plus périlleux pour certains gouvernements. Une province ou un territoire dont les recettes fiscales sont en bonne partie assurées par des redevances sur des ressources naturelles sont sujets à des rentrées d'argent plus volatiles.
A ce chapitre, le Québec fait encore une fois bonne figure en ayant l'erreur moyenne la plus faible. Son écart exprimé en chiffres absolus le place au deuxième rang, tout juste derrière le Nouveau-Brunswick.
Au cours de la période, Québec a sous-estimé ses revenus de 4,84 milliards. L'Alberta, cancre à ce palmarès, a sous-évalué les siens de tout près de 33 milliards. Seul Ottawa la bat en chiffres absolus avec un écart de 60,3 milliards entre ses prévisions et ses revenus réels. Son assiette fiscale est cependant beaucoup plus large. "L'élaboration du budget des gouvernements qui se classent le mieux, le Québec principalement, devrait être étudiée de près par le gouvernement fédéral et les autres gouvernements, pour voir quelles leçons ils peuvent en tirer dans le cadre de leur propre budgétisation", selon le C.D. Howe.