PUBLICATION: La Presse
DATE: 2006.09.27
SECTION: La Presse
Affaires
PAGE: LA PRESSE
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BYLINE: Le Cours,
Rudy
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Vieillissement; L'immigration n'est pas LA solution, dit C.D. Howe
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L'institut croit qu'il faudrait peut-être travailler plus longtemps
L'augmentation progressive de l'âge de la retraite peut plus facilement contrer les méfaits du vieillissement de la population canadienne que l'immigration.
Si, à partir de 2008, le Canada majorait d'une année tous les quatre ans l'âge légal de la retraite jusqu'à 70 ans, il obtiendrait le même effet que s'il multipliait le nombre d'immigrants chaque année, croient Yvan Guillemette et William B.P. Robson.
Les auteurs rattachés à l'Institut de recherche C.D. Howe se gardent toutefois d'en faire une recommandation car ils restent persuadés que le marché saura s'ajuster.
Par l'analyse d'une série de simulations intitulée Pas d'élixir de jeunesse: l'immigration ne peut garder au Canada sa jeunesse, ils font ressortir les limites de l'immigration et surtout les obstacles à sa croissance trop rapide.
Si rien n'est fait, il y aura près de trois retraités pour cinq travailleurs d'ici 2050, comparativement à deux cette année, selon l'analyse.
En 2005, le Canada a accueilli 262 000 immigrants, ce qui correspond à 0,81 % de sa population, un ratio qui le place au sixième rang des membres de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).
Dans la manne mondiale des immigrants, le Canada accapare une part de 7 % environ, selon les calculs des Nations unies.
" Quels que soient les bienfaits de l'immigration à l'économie et à la société canadienne, elle ne permettra pas d'échapper aux défis du vieillissement de sa population ", préviennent les auteurs,
Pour en arriver là, ils ont d'abord examiné ce qu'il adviendrait en augmentant le nombre d'immigrants. Il faudrait d'ici 2026 faire passer la taille de l'immigration à 8,6 % de la population pour freiner le vieillissement. Le Canada devrait ainsi accueillir plus de la moitié des immigrants du monde, chaque année!
On se demande comment il pourrait bien y arriver. Les auteurs n'ont pas analysé les effets d'un tel afflux migratoire sur la société, mais sont conscients qu'ils seraient majeurs.
Ils ont par contre simulé la situation où le Canada sélectionnerait essentiellement des gens âgés de 20 à 24 ans, tout en admettant que ce dernier cas est moralement impossible. Déjà, mentionnent-ils, le profil démographique des immigrants est plus jeune que celui de l'ensemble de la population canadienne.
Dans ce cas extrême, il n'y aurait tout simplement pas assez de candidats. Même en en accueillant le plus possible, on créerait deux graves problèmes: " Les Canadiens de ce groupe d'âge vivraient l'impact d'une concurrence accrue sur le marché du travail ", écrivent MM. Guillemette et Robson.
En entrevue, M. Guillemette ajoute: " La population entre zéro et 17 ans augmenterait rapidement par la suite, ce qui accroîtrait le nombre de dépendants de celle apte à travailler ".
Rien n'indique en outre que ces jeunes arrivants trouveraient du travail dès leur arrivée. " Le taux de participation des immigrants au marché du travail traîne de six points de pourcentage chez les hommes par rapport aux adultes de souche et de sept points chez les femmes ", rappellent-ils en citant des recherches de l'OCDE.
Voilà pourquoi, pensent-ils, il faut chercher d'autres avenues que l'immigration.
Heureusement, le monde du travail s'est bien transformé. Avec l'entrée plus tardive sur le marché du travail, des technologies plus avancées et des efforts physiques allégés, l'équivalent d'une vie professionnelle qui prenait fin à 65 ans en 1970 devrait s'étirer jusqu'à 70 ans de nos jours. Pourtant, il existe beaucoup d'obstacles tant dans les secteurs public que privé.
" Nous pouvons nous attendre à des ajustements automatiques du marché pour atténuer les effets du vieillissement sur l'économie, croient-ils. La raréfaction de l'offre de travail devrait exercer des pressions à la hausse sur les salaires, encourager une plus grande participation sur le marché du travail, des revenus plus élevés et des rentrées fiscales accrues. Il faudra tout autant des politiques d'incitation au travail et à l'épargne. "
Pareil environnement est en outre susceptible de stimuler l'immigration...