PUBLICATION: La
Presse
DATE: 2006.07.20
SECTION: Forum
PAGE:
A14
COLUMN: Éditorial
BYLINE: Boisvert, Michèle
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Faire encore mieux
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Comme chaque année, l'OCDE vient de publier son bilan de l'économie canadienne. Dans son rapport, l'organisme souligne à quel point la performance économique du pays est excellente dans presque tous les domaines, ajoutant que les Canadiens continuent de bénéficier d'un niveau de vie parmi les plus élevés de la zone OCDE. La forte demande pour les ressources naturelles à l'échelle mondiale est bien sûr favorable à un pays richement doté comme le nôtre, mais la vigueur de notre économie n'est pas uniquement attribuable à la conjoncture. Le redressement des finances publiques, l'élimination des déficits et le remboursement d'une partie de la dette font que le Canada affiche l'un des bilans les plus sains de tous les pays membres de l'organisation basée à Paris.
Malgré ce constat élogieux, l'OCDE presse le Canada de ne pas se reposer sur ses lauriers. Il y a encore place à amélioration, notamment au chapitre de la productivité où la performance canadienne laisse à désirer. Comme plusieurs autres organismes et de nombreux économistes l'ont déjà souligné: une productivité accrue est le principal moteur de l'amélioration du niveau de vie. Alors qu'on est confronté au vieillissement de la population, une meilleure productivité devient un élément essentiel pour maintenir nos acquis.
Malgré une vive reprise de la productivité canadienne en 2005, il existe toujours un écart entre les économies canadienne et américaine. Dans son rapport, l'OCDE propose des pistes pour améliorer notre bilan à ce chapitre. Les propositions liées à la fiscalité des entreprises sont particulièrement intéressantes et certainement les plus réalistes à court terme. Selon l'Organisation, la fiscalité des entreprises décourage l'investissement, surtout dans certaines provinces. Rappelons que l'investissement en machines et équipement est l'un des facteurs contribuant à accroître la productivité. Ce constat de l'OCDE rejoint les travaux de Jack Mintz de l'Institut C. D. Howe qui, en 2005, avait publié une étude sur la compétitivité du système fiscal canadien. Tant l'OCDE que l'Institut C. D. Howe concluent que les entreprises au Canada sont soumises à des taux marginaux effectifs d'imposition sur l'investissement parmi les plus élevés des pays industrialisés. En d'autres termes, un projet d'investissement intéressant avant impôt a moins de chances d'être rentable après impôt au Canada qu'ailleurs.
L'OCDE suggère donc de diminuer le fardeau fiscal des entreprises, en insistant plus particulièrement sur l'élimination de la taxe sur le capital. Pour ce qui est d'Ottawa, c'est déjà chose faite. Depuis janvier 2006, il n'y a plus de taxe fédérale sur le capital. Du côté des provinces, six d'entre elles imposent toujours la taxe sur le capital. L'Ontario a promis d'éliminer cette taxe contre-productive entre 2009 et 2012, alors que le Québec s'est engagé à la diminuer de moitié d'ici 2009. Il faudra faire davantage. Québec doit non seulement réduire, mais s'engager à abolir à son tour la taxe sur le capital. Alors qu'on est en queue de peloton en termes d'investissement, tout ce qui peut contribuer à relancer ce type de dépense au Québec doit être sérieusement envisagé.
Malgré un taux de croissance de 3,8 % enregistré par l'économie canadienne au premier trimestre, l'OCDE considère toujours qu'il y a place à l'amélioration. Pas besoin d'une démonstration très élaborée pour comprendre qu'avec un taux de croissance d'à peine 0,9 % au cours de la même période, le Québec doit mettre les bouchées doubles pour retrouver l'élan qui lui permettra aussi de faire face au vieillissement de sa population.