PUBLICATION: La Presse
DATE: 2005.12.01
SECTION: Nouvelles générales
PAGE: A1
BYLINE: Allard, Marie

CLASSES SURCHARGÉES; Québec a versé 15 millions aux profs en compensation


Le nombre d'élèves par classe excède si souvent le maximum permis que le ministère de l'Éducation a dû verser 15 millions en compensation aux professeurs en 2003-2004. C'est pratiquement deux fois plus qu'il y a 10 ans, alors que ce montant s'élevait à 8 millions, a appris La Presse.

Actuellement en négociations avec Québec, les enseignants demandent de réduire ces maximums.

C'est pour économiser, à la suite des compressions budgétaires de 1996, que les écoles se sont mises à surcharger les classes. " Il est possible que les commissions scolaires aient à ce moment-là choisi de dépasser les maxima des ratios et de payer des compensations, a avancé hier Julie Gosselin, sous-ministre adjointe au ministère de l'Éducation."

Au plan de l'organisation scolaire, c'est moins coûteux pour elles que de former plus de groupes. "

Un exemple: payer une compensation pour 20 classes de première année ayant un élève en trop coûte 32 500 $, selon la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE). Créer un nouveau groupe coûte le double, soit 65 340 $.

Mais pourquoi l'augmentation n'a-t-elle pas cessé depuis la fin des compressions?

" Le comportement a pu rester après ", a proposé la sous-ministre.

En 10 ans, le nombre de professeurs aux prises avec une classe surpeuplée a augmenté de 42 %. Ils sont maintenant 21 000 dans ce cas, un record. En moyenne, chacun touche 704 $ par an.

Les maximums autorisés sont pourtant assez élevés. Soit 32 élèves par classe au secondaire et de 22 à 29 élèves au primaire. Seuls les milieux défavorisés ont droit à des groupes réduits à 20 élèves en première et en deuxième années. Fait à noter, Québec considère que les élèves en difficulté de comportement- qui occasionnent un surcroît de travail- valent environ deux élèves chacun. Leur intégration en classe régulière explique une part de la hausse des compensations mais elle est marginale, selon les syndicats et Mme Gosselin.

Ontario et Colombie-Britannique

En Ontario, le gouvernement vient d'embaucher 2400 professeurs- une dépense de 126 millions- pour réduire le nombre d'élèves par classe. Son objectif: avoir un maximum de 20 enfants par groupe de la maternelle à la troisième année d'ici 2007-2008.

En Colombie-Britannique, les enseignants ont mis fin à leur grève illégale de cet automne contre la promesse de classes réduites.

Seul bémol: une étude de l'Institut C.D. Howe parue en août affirme qu'il est inutile et coûteux de réduire le nombre d'élèves par classe. Il vaut mieux investir dans la formation des professeurs, selon ce rapport.

Il est difficile de savoir si Québec voit le dépassement des maximums comme un problème à régler.

" Je ne veux pas me prononcer là-dessus, vous savez qu'on est en train de discuter de la valeur de la compensation pour les enseignants à la table de négo, a dit Mme Gosselin. Mais il n'y a rien d'inacceptable, loin de là. "

Les profs ne sont évidemment pas du même avis.

" Les enseignants ne veulent pas d'argent pour les dépassements ou les élèves en difficulté, ils veulent des services, a fait valoir Marcel Bédard, conseiller à la FSE. Quand on a une classe de 35, 36 ou 37 élèves dans une matière très technique comme les mathématiques, ça devient compliqué. Le travail est plus long et la fatigue s'installe vite. "

La réforme de 2000

Au moment d'implanter la réforme, en 2000, la réduction de la taille des groupes de la maternelle à la deuxième année a été obtenue. Les profs sont revenus à la charge à la mi-novembre, exigeant de nouvelles baisses au primaire (maternelle à troisième année) et au secondaire (première année). Coût de cette demande: 93,3 millions par an, selon la partie patronale.

Le gouvernement souhaite quant à lui assouplir l'annexe 12 de la convention collective. Cette dernière permet de modifier certains éléments de l'entente nationale- dont les maximums d'élèves par groupe- pour mieux répondre aux besoins spécifiques d'une école. Elle a été peu utilisée jusqu'à maintenant, en raison de l'opposition des syndicats.

Maternelle:

4 ans: 18 élèves;

5 ans: 20 élèves

Primaire 1ère année:

20 élèves en milieu défavorisé,

22 ailleurs

Primaire deuxième année:

20 élèves en milieu défavorisé,

24 ailleurs

Primaire, troisième année:

27 élèves

Primaire, quatrième à sixième années:

29 élèves

Secondaire:

32 élèves par classe.