PUBLICATION:    Le Devoir      
DATE:   2005.08.25     
SECTION: LES ACTUALITÉS 
PAGE:   a3     
BYLINE:  Robitaille, Antoine    

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La réussite scolaire n'a rien à voir avec la taille des classes, selon CD Howe

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De petites classes rendent-elles les élèves meilleurs? Non, prétend l'institut C. D. Howe, qui publiait hier une étude contredisant en quelque sorte l'adage «small is beautiful».

Pourtant, réduire la taille des «groupes d'élèves» est l'un des arguments les plus souvent avancés par les syndicats. C'est d'ailleurs une des revendications actuelles des centrales syndicales québécoises.

D'ailleurs, au Canada, une grande partie de la population est d'accord avec elles. Dans plusieurs sondages commandés par la Fédération canadienne des professeurs entre 1997 et 2004 et cités par l'institut C. D. Howe, la réduction des groupes d'élèves était considérée comme une priorité. En octobre 2004,

76 % des sondés estimaient que les groupes comptaient trop d'élèves. Déjà, les gouvernements de plusieurs provinces (dont le Québec, l'Ile-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, l'Ontario et l'Alberta) ont annoncé des mesures pour réduire la taille des groupes, de la garderie jusqu'au secondaire. En Ontario, le programme de réduction des classes a coûté 90 millions en 2004-05.

Former de meilleurs professeurs

Mais aux yeux du chercheur en politiques publiques à l'institut C. D. Howe, Yvan Guillemette, cette mesure, qui semble aller de soi, ne donne pas les résultats escomptés. Il n'y a du moins «aucun fondement empirique solide» qui puisse conduire quiconque à conclure que de petites classes améliorent les chances de réussite des étudiants, affirme-t-il. Le chercheur dit avoir recensé de nombreuses études canadiennes sur le sujet. Sa conclusion: bien qu'il n'y ait pas de consensus, les données empiriques «indiquent généralement un effet positif limité», mais uniquement aux niveaux de la garderie et de la première année. Au delà de celui-ci, des classes plus petites n'auraient aucun effet significatif sur la réussite. Des pays avec des groupes plus grands, comme la Corée du Sud, obtiennent de meilleurs résultats que ceux où les classes sont plus petites. M. Guillemette soutient que les systèmes d'éducation dont les groupes sont plus petits doivent employer un plus grand nombre de professeurs et ne peuvent donc pas se borner à embaucher uniquement ceux qui sont mieux formés.

Ainsi, M. Guillemette estime qu'il vaudrait mieux investir l'argent des programmes de réduction des classes dans la formation des professeurs, notamment la formation continue. En effet, en cette matière, les recherches sont claires: des professeurs mieux formés font de meilleurs étudiants.

Le rapport de l'institut C. D. Howe a été très mal accueilli dans les milieux de l'éducation.